Je revenais de quelques jours de congé que je pensais vous conter dans le détail et voilà que j'ai été prise dans la tourmente. Cela devient la primeur, l'actualité comme on dit, cela n'aura plus guère de saveur lorsqu'un coup de mistral aura chassé l'humidité ambiante supérieure à celle du Gers.
Vous qui aimez la Cévenne, car on dit la Cévenne, généralisant ce petit morceau de contrefort de montagne, partant d’Anduze au sud et s’arrêtant au nord ? où peuvent bien s’arrêter les Cévennes, car il y en a plusieurs, les Cévennes ardéchoises, les Cévennes lozériennes et puis la vraie, la pure, l'indomptable, LA Cévenne, la mienne !
Mais bref, pour qui aime la Cévenne, et vient y passer quelques villégiatures tranquilles au plus fort des grosses chaleurs d’été, le gardon est synonyme de gentil cours d’eau frémissant et frais s’écoulant gaiement sur des pierres schisteuses lisses, gris-clair et brûlantes sous le grand soleil. Synonyme aussi de barrages érigés en gros cailloux roulés péniblement à deux, les pieds dans l’eau délicieusement rafraîchissante en hurlant de ravissement si quelqu’un en profite pour vous asperger de la berge. Synonyme toujours de choix de galets bien plats et circulaires en vue de ricochets sur les remous mystérieux et ombreux dès que le soleil quitte l’aplomb des eaux pour aller se coucher derrière les parois de la gorge. De baignades infinies, "je quitte l’eau fraîche pour me griller sur la plage où j’ai trop chaud, je replonge dans l’eau…" mais prudentes car les fonds changent d’une année sur l’autre, vous vous demandez bien pourquoi ?
Voilà pourquoi :
Voyez Vacanciers ce que devient cet aimable cours d’eau dès que vous avez fermé vos valises pour retrouver le cours tumultueux de vos propres vies !
Admirez le pont que vous passiez cet été bras-dessus, bras-dessous en revenant de la grillade sur les berges, au bord de l’eau bruissante couvrant à peine le chant des grenouilles.
Contemplez l’éternelle puissance de l’eau qui a érodé depuis des milliers d’années ces roches pour que vous puissiez y délasser vos membres à la fin d’un crawl éblouissant destiné à épater la galerie :
La Cévenne est faite de ces contrastes violents entre sécheresse et inondation, canicule et période glaciaire, bruit et silence, lumière et ombre. (Certaines photos ont été éclaircies par la technique informatique car le temps bas restait très sombre toute la journée.)
Cela a trempé le caractère des habitants de ces contrées, au propre comme au figuré. Trois jours à baigner dans l'eau et avec une électricité plus que capricieuse, et pour cause, en visite chez mes voisins, j'ai appris...
à allumer une lampe à pétrole !