En 2009, j’ai cumulé dans la même année, la perte de maman et l’opération de mon genou, douleurs sentimentales et physiques profondes qui ont eu, comme certains aspects de notre vie, les compensations que nous offre le monde pour nous permettre de surnager à de telles souffrances. D’un côté l’héritage m’avait mise provisoirement un peu plus à l’aise financièrement et de l’autre l’arrêt de travail tenant à la rééducation m’avait offert beaucoup de temps libre, même si je ne pouvais pas encore galoper comme une chèvre. J’ai profité de ces deux opportunités conjointes pour m’offrir des voyages. Distrayant mon esprit, ils m’ont permis de laisser le temps agir et atténuer ainsi ma peine.
C’est ainsi qu’en novembre, je me suis retrouvée à Marrakech.
Premier voyage seule à l’étranger, qui plus est en avion, ce que je détestais et ce que postérieurement, je considère comme une de mes grandes victoires sur l’angoisse.
Le séjour s’est très bien passé, alternant visites de monuments et jardins luxuriants avec longues siestes au bord d’une piscine glacée où un maître-nageur hilare s’efforçait de me faire plonger sans succès. Conversations banales avec des co-touristes non stressés, et promenades, esseulée dans une ville inconnue avec mon genou encore non tout à faire remis et qui m’obligeait à une certaine retenue de pas.
Ayant descendu une avenue puis remonté une autre qui formait un angle droit avec la première, je décidai pour économiser mes forces de rejoindre l’hôtel en empruntant une rue qui devait représenter géométriquement une hypoténuse.
C’était une impasse !
Je rebroussais chemin et pris la rue suivante qui, elle, était barrée par des travaux. Je commençais à me fatiguer sérieusement lorsqu’un monsieur marocain me voyant dans le doute, me demanda en français s’il pouvait m’aider. J’ai toujours du mal à engager la conversation avec des inconnus surtout en pays étranger, mais je n’avais pas vraiment le choix et je lui exposai la situation. Il me demanda le nom de l’hôtel et comme il le connaissait, s’offrit à me montrer le chemin. L’hôtel était, disait-il à quelques centaines de mètres à peine et je le suivis dans des ruelles, non sans je vous l’avoue de cruelles hésitations.
Le long du trajet il me fit la conversation. Il parlait un français excellent et comme je lui en faisais le compliment, il m’expliqua qu’il avait vécu et travaillé longtemps en France comme plombier, du côté de Nice dont il gardait un souvenir ébloui. Comme nous arrivions à l’hôtel, et que suivant ce que je croyais être la coutume je voulus lui offrir une récompense, il refusa :
-« Si j’avais été perdu en France, je suis bien sûr que vous m’auriez aidé ainsi ! » me dit-il.
Bien à vous