Il devait pleuvoir ! Et y'en avait marre ! De cette pluie qui amoncelée depuis quatre mois dans les nuages, n’arrêtait plus de tomber depuis trois semaines. Nous avons donc cherché un musée pour nous en mettre plein les yeux, les pieds bien au sec.
Verdoyante et pour cause, et sinueuse, entre des haies de platanes et des champs de blé en herbe, la route nous a menés à travers l’Uzège jusqu’à la petite ville tranquille de Saint Quentin la Poterie.
Une ville de potiers comme son nom l’indique depuis le XIX siècle. Cependant l’art de la poterie y est beaucoup plus ancien. Datant du moyen-âge ou antérieurement selon les sources.
Les habitants portant d’ailleurs le surnom de « toupinié », du nom des toupins ou marmites en terres cuites qui sont la spécialité locale. Mais on y fabriquait aussi les fameux « pégauts », les brocs à eau provençaux, les pipes en terre des marchands forains, celles qui se brisent dans le son des flonflon et l'odeur de barbe à papa, ou les briques à pavement du château des papes, résonnant sous les voutes moussues au son des sabots de la mûle du pape sur des airs fifres et de tambourins.
A Saint Quentin la vie semble paisible dans le dédale de petites ruelles colorées autour du musée. Car il y existe un musée.
Un musée enthousiasmant, aux couleurs chaleureuses de terres naturelles, dans une lumière d’inspiration provençale, qui perpétue le feu de la tradition.
Un musée où nous seront expliquées les différentes phases de fabrication, du tournassage à la glaçure,
et les utilisations des différentes poteries dont les formes sont restées figées depuis le néolithique.
Formes nues ou à dessin d'engobe "plus grosses de sens que de formes rebondies*" que l’on retrouve à l’identique sur tous les pourtours de la méditerranée.
Cela fait rêver Chéri-chéri à Pompéï et "dans ces amphores toutes enluminées d'Hector et d'Hélène, il voit tout ce qu'Homère disait*".
Richement pourvu de collections de récipients et d’ustensiles de tous formats et destinés aussi bien à la conservation qu’à la cuisson ou à l’éclairage, les salles nous mènent à l’exposition des poteries de Vallauris où l’on retrouve en particulier des exemplaires de poteries de Picasso, Jean Lurcat, Roger Capron, Jouve, Jules Agard, tourneur personnel de Picasso, tant de noms célèbres parmi d’autres, de la grande époque de la poterie des années 50 "qui participent encore à nos vies*".
Vous savez quoi ? A Saint Quentin la poterie, il faisait beau ! Dans les ruelles aux 35 potiers, les façades s’égayaient de teintes différentes,
un chat quiet dormait sur les genoux d’une mémé rêveuse,
chaque fenêtre révélait un talent d’artiste et au détour d’une arche en pierre claire,
un air de musique nous faisait découvrir le prochain festival d’accordéon plein pot (du 10 au 23 mai 2012)
Il doit faire bon danser dans les rues de Saint Quentin décidé à conjurer le temps "pour que dans deux mille ans le regard du futur oblique le présent".
Alors si vous n'avez pas de pot, si vous pensez que vous manquez de bol ou bien si votre cafetière est un peu fêlée, vous pouvez aller comme nous "activer la forge du feu des envies et de l'espérance" à Saint Quentin la poterie !
*Toutes les phrases avec un astérisque sont extraite d'un texte magnifique de chéri-chéri...qui devrait faire un blog !